HYPNEROTOMACHIA LAUREATUS
Le songe de Laurence...
Entre sauvage et régulier ou entre l’ombre et la lumière.
Le Songe d’un combat d’amour de Laurae, nous livre le regard d’une femme sur les jardins de son temps.
A dreamlike Landscape balanced between wilderness and structure or between shadow and light
Mon amour de la Nature et du végétal a guidé mes choix personnels et professionnels et m'a amené, avec mon époux, Paysagiste D.P.L.G., à élire domicile dans le Parc Naturel Régional de l'Avesnois (59) "la petite Suisse du Nord", pour ses vallonnements et pour son identité encore préservée. Nous avons choisi de restaurer une brasserie artisanale de 1757, où nous vivons avec nos trois enfants.
Nous avons acheté la brasserie, ouverte à tout vent en 2000. Très attachés à garder l’esprit du lieu nous n’avons pas changé grand-chose à la bâtisse, mais de la pâture, j’ai fait un jardin qui reflète pour moi le dialogue de ce début de siècle : le dialogue du sauvage et du régulier. Ce n’est pas un jardin de collection, même si certaines plantes sont revenues dans nos valises depuis l’Asie, c’est un jardin de structure ouvert sur le Paysage.
D’une brasserie, j’ai développé une passion pour les boissons traditionnelles fermentées ou non à base de plantes sauvages récoltées dans mon jardin. Puis les fleurs et les plantes sauvages comestibles se sont greffées aux menus des jours de fêtes comme de tous les jours.
Les enfants s’accordent bien dans tout cela en cueillant, goûtant et questionnant la nature. Leur cabane à deux étages dans le vieux chêne leur permet aussi de faire leurs expériences culinaires et le trampoline et la piscine biologique les animent aux beaux jours. Ils passent un temps fou à se courir les uns après les autres dans le jardin de paradis structuré autour de l’ancêtre du jardin : le poirier. Dans les 4 carrés dessinés viennent se loger, tel un jardin d’inspiration médiévale, le potager, les plantes à boisson, les sauvages comestibles et dans le dernier carré, un jardin de la vierge.
L’ensemble est ordonné selon deux grands axes perpendiculaires, travaillé en longues perspectives et ancré sur le vieux mur de brique qui coupe le jardin en deux. Celui-ci formalise deux espaces distincts : un exposé sud-ouest possédant un sol sablo-limoneux, accueillant des espèces plutôt de sol sec et drainant mais abritées, l’autre exposé sud-est balayé par les vents propose un dialogue entre l’ombre et la lumière. Ce dernier accueille plutôt des espèces de sol frais humide ombragé que j’apprécie particulièrement. Au regard de nos voyages familiaux en Asie (Japon, Yunnan, Singapour, Bali) les plantes collectionnées sont essentiellement originaires de Chine et du Japon.
Mon époux est Paysagiste D.P.L.G. et amoureux de la civilisation Méditerranéenne et moi-même Ingénieur Horticole et profondément ancrée dans la culture anglo-saxonne ou Celte, c’est pourquoi nous aimons confronter nos idées et les enrichir par des visites régulières d’art, d’architecture ou de jardins en Angleterre en Méditerranée et en Asie depuis plus de 20 ans…
Nos enfants aussi ont nourri de leurs influences le jardin en y apportant de la fantaisie et beaucoup d’imaginaire. C’est ainsi que l’œuvre d’HAYAO MIYAZAKI y a pris place de façon évidente puisqu’elle nourrit profondément l’univers familial. Comme une philosophie de la relation de l’homme à la nature, MIYAZAKI nous emmène dans un voyage imaginaire peuplé de créatures extraordinaires liées aux croyances nippones.
Cela donne un jardin de structure comme sorti d’un songe de Laurence…
Ce qui en jouant avec une référence qui m’est chère à savoir l’ouvrage du Frère Dominicain Francesco Colonna publié en 1499, intitulé ‘HYPNEROTOMACHIA POLIPHILI’ et traduit en français sous le nom « Songe de Poliphile », donne HYPNEROTOMACHIA LAUREATUS. Cet ouvrage a influencé de nombreuses évolutions et modifications dans la perception et l’utilisation des jardins en Italie dans la fin du moyen-âge. Il est associé dans le monde des arts à une sorte de passage vers la lumière de la Renaissance. Ce changement reste d’après moi l’un des plus grands changements dans l’art des jardins, non encore égalé.